Les systèmes éducatifs actuellement en vigueur au Cameroun datent de l’avant-indépendance. Ils ont été mis en place afin de répondre aux besoins en main d’œuvre des administrations coloniales dès la mise sous tutelle du Cameroun au sortir de la deuxième guerre mondiale. Depuis lors, l’économie mondiale s’est métamorphosée et celle de notre pays avec, notre population a connu de multiples transformations et les défis auxquels nous faisons face se sont sans cesse renouvelés. La qualité du service offert par les institutions en charge de la formation des citoyens et des cadres nationaux n’a pas toujours suivi ces transformations. Résultat : nos établissements d’enseignement secondaire forment des jeunes citoyens qui ne disposent d’aucune compétence pour entrer sur le marché de l’emploi et nos universités fabriquent chaque année des milliers de chômeurs, du fait de l’inadéquation entre les formations diplômantes et les besoins des entreprises qui créent la richesse. Les gouvernements qui se sont succédés à la tête du Cameroun depuis la crise économique à la fin des années 1980, n’ont pas pris la pleine mesure de ces urgences et ont contribué les uns après les autres à alimenter une bombe qui finira par nous exploser à la figure : le chômage croissant des jeunes. Il est devenu urgent, voir vital de concevoir un système éducatif qui repose sur les valeurs intrinsèques des peuples qui composent la nation camerounaise, saura s’adapter aux défis technologiques du monde dans lequel nous évoluons tout en tenant compte des caps socioéconomiques que nous nous fixons. La définition du modèle, des orientations et des contenus de ce système doit résulter des réponses que nous, citoyens camerounais, trouverons aux quatre questions fondamentales que sont :
1. Quel est le Cameroun que nous entendons bâtir et léguer à nos enfants ?
2. Quels sont les modes de pensée et les modèles de développement à implémenter pour réaliser cet idéal de Cameroun ?
3. Quels sont les capacités et les compétences que doivent détenir les hommes et femmes appelés à concevoir et mettre en œuvre ces modèles ?
4. Quel est le système éducatif le plus à même de produire les citoyens et leaders qui bâtiront le Cameroun auquel nous croyons ? Au-delà des intellectuels et des technocrates, notre défi commun le plus urgent consiste à bâtir l’Homme qui est à la base du développement.
Le système éducatif permettant de réaliser nos objectifs de croissance et de développement, pour mieux répondre à la lutte contre la pauvreté et réduire les inégalités sociales, doit impérativement tenir compte des éléments suivants : le niveau de vie global des populations et l’incapacité de nombreuses familles camerounaises à supporter les lourdes charges liées aux études universitaires, la pyramide des âges de la population camerounaise, la planification économique nationale sur les prochaines décennies, les orientations stratégiques et les priorités à moyen terme du secteur privé, le développement technologique de notre ère, et enfin le type de citoyens auxquels nous voulons donner naissance. En se référant à ces éléments, le MP3 a développé cinq grandes orientations pour conduire sa proposition de refondation du système educatif camerounais. Ces orientations sont :
1. La professionnalisation des enseignements dès le secondaire
2. La spécialisation des formations
3. La régionalisation des programmes en fonction de l’économie locale
4. La diffusion de la culture panafricaine
5. Le développement personnel des élèves