Les difficultés économiques traversées par notre pays depuis la fin des années 1980 nous ont contraint à revoir nos priorités en matière de politique sociale, reléguant ainsi au second plan toute possibilité d’implémentation d’un système public de prise en charge médicale (baisse graduelle des crédits budgétaires accordés au secteur de la santé). L’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE en 2006, avec pour principale conséquence l’allègement de la dette extérieure du Cameroun, a favorisé la libération d’énergies dans le cadre de nouvelles politiques de relance économique. Le gouvernement camerounais a depuis lors entrepris des grands travaux dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures de transport. Malheureusement, notre pays n’a pas saisi l’opportunité du desserrage des goulots d’étranglements pour définir une nouvelle politique sanitaire nécessaire pour assurer la préservation de sa ressource première et essentielle : l’Homme. L’allocation du budget annuel de l’état au secteur de la santé à travers les dotations au ministère de tutelle, atteint à peine 6% depuis 2006 (236 Milliards sur 4 234 Milliards [5.6%] en 2016 selon la Loi des finances), alors que les Nations Unies et l’Union Africaine recommandent un minimum de 15%. Le MP3 estime que la conception et la mise en place d’un système d’assurance maladie, principalement au bénéfice des camerounais économiquement vulnérables, doit rapidement devenir une priorité gouvernementale. Il s’agit là d’une question de survie collective !L’assurance maladie publique a pour objectif de protéger toutes les couches de la population contre les risques financiers liés à la santé. Elle permet de garantir l’accès équitable aux services sanitaires de base par la prise en charge médicale des citoyens dans les établissements hospitaliers publics. Dans le cas du Cameroun, nous envisageons l’implémentation de ce système à travers la création d’une caisse nationale de gestion de l’assurance maladie qui sera placée sous la tutelle du ministère de la santé.
A l’origine, l’assurance maladie sera principalement supportée par les bénéficiaires (les citoyens assurés) à travers une retenue à la source sur leurs salaires, sur la base d’une taxe forfaitaire (2 à 3% par exemple) arrêtée par la loi des finances ou par décret du Président de la République. Les entreprises feront également l’objet d’une imposition au titre de leur contribution au régime public d’assurance maladie. Des secteurs particuliers de l’économie tels que les industries brassicoles, les industries extractives et celles des télécommunications pourront être assujettis à une taxe spéciale en vue de financer cette mutuelle.